Le rappeur vénézuélien Canserbero, considéré par le magazine Rolling Stone comme le meilleur rappeur en espagnol, ne s’est pas suicidé en 2015, mais a été assassiné, a révélé mardi le parquet, après avoir rouvert le dossier.
Le procureur général Tarek William Saab a présenté à la presse des vidéos contenant les aveux des « deux assassins » de Tyrone Gonzalez, dit Canserbero, et expliqué dans le détail les circonstances de la mort du musicien à 26 ans.
Le parquet avait rouvert l’enquête en novembre. L’exhumation du corps du chanteur et une nouvelle autopsie ont permis de déterminer que Canserbero ne s’était pas jeté du 10e étage d’un immeuble à Maracay (centre-nord), juste après avoir assassiné à coups de couteau son ami Carlos Molnar au cours d’une bagarre.
Dans l’une des vidéos diffusées par M. Saab, Natalia Amestica, la femme de Carlos Molnar, raconte les avoir drogués tous les deux, puis les avoir poignardés à plusieurs reprises.
Elle a ensuite appelé son frère Guillermo pour qu’il l’« aide » à dissimuler le double meurtre. Les deux ont mis en scène une bagarre entre Canserbero et son ami — frappant son cadavre —, puis jeté le corps de Canserbero dans le vide.
La sœur et le frère ont versé des pots-de-vin aux policiers arrivés sur place pour accréditer la thèse du suicide, selon le procureur.
« Tout a été fait, de sang-froid, avec préméditation », a-t-il déclaré.
Selon lui, la nouvelle enquête a permis de déterminer que le mobile du crime était un différend sur une importante somme d’argent après une tournée en Argentine et au Chili financée par les Amestica.
Six personnes sont en détention et plusieurs en fuite, selon le procureur.
Le parquet a notamment émis des mandats d’arrêt contre six des sept policiers arrivés les premiers sur les lieux du crime. Le septième policier impliqué est mort en 2018.
« Ils ont reçu 10 000 dollars, changé le site — la scène de crime » et agie « pour favoriser la thèse du suicide », a déclaré M. Saab.
Le parquet a également ordonné l’arrestation d’une médecin légiste et de deux procureurs qui avaient participé aux premières enquêtes.
Un procès aura lieu, mais M. Saab n’a pas précisé de date.
« Canserbero peut reposer en paix », a-t-il conclu, en faisant une comparaison avec le meurtre du rappeur américain Tupac Shakur, en 1996 aux États-Unis.
« Quelle différence avec la dette que le système judiciaire américain a envers un artiste, un génie de la musique, comme Tupac Shakur (…) Ici, le système judiciaire vénézuélien a résolu le problème, il a traduit en justice tous les acteurs de cette affaire », a-t-il déclaré.
En novembre aux États-Unis, le suspect du meurtre de la légende du hip-hop a plaidé non coupable, après avoir été inculpé en septembre. Le procès doit avoir lieu en 2024.