À 39 ans, Benjamin Lavernhe a fait face au plus grand défi de sa carrière à ce jour en incarnant sur grand écran l’abbé Pierre, un personnage iconique en France qui a combattu toute sa vie pour venir en aide aux plus démunis de la société. Le Journal a rencontré l’acteur lors de son récent passage à Montréal.
Quelle a été votre première réaction en apprenant que vous aviez été choisi pour défendre le rôle-titre du film L’abbé Pierre: une vie de combats?
«C’est sûr que c’est impressionnant! Je me suis senti très responsable et surtout, j’ai eu envie que ça soit un bon film. Le «biopic» [ou drame biographique] est un exercice périlleux parce qu’il faut résumer la vie de quelqu’un en deux heures et quart. Mais je me suis senti rapidement en confiance parce que je connaissais déjà le réalisateur Frédéric [Tellier]. La peur que j’ai sentie au départ a donc laissé place à la sensation que c’était une chance incroyable de jouer cela et que j’allais prendre énormément de plaisir à défendre ce rôle.
«C’est un film qui se déroule sur plusieurs époques, et qui impliquait de nombreuses transformations physiques puisque je joue le rôle de 25 à 94 ans. C’est quelque chose de monumental pour un acteur et en plus, j’étais au service d’un message fort et sociétal dont je partage les valeurs.»
Que connaissiez-vous de l’abbé Pierre avant qu’on vous offre de le jouer à l’écran?
«Je connaissais le personnage médiatique, ses coups de gueule à la télévision, sa fondation, sa silhouette… Ce qui me fascinait, c’est le fait qu’il se soit autant insurgé jusqu’à la fin de ses jours. Il n’a jamais laissé tomber son combat. Il a été la personnalité préférée des Français pendant 20 ans. Il touchait les gens d’une façon particulière.
«Mais au-delà du personnage public, je ne connaissais rien de sa vie comme son rapport à l’amour, son désir frustré des femmes, son côté bordélique et éparpillé et surtout sa rencontre avec Lucie Coutaz, avec qui il a entretenu une relation platonique pendant 40 ans. Sans elle, il n’aurait pas pu accomplir autant de choses. C’est la grande femme derrière le grand homme.»
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Comment on se prépare pour un tel rôle?
«Il y avait évidemment beaucoup de matière disponible. Frédéric [Tellier] avait lu une trentaine de livres et il m’en a recommandé trois ou quatre pour me faire connaître sa vie. Cela m’a permis de découvrir sa sensibilité et son agitation intérieure. Je suis aussi allé rencontrer des gens qui travaillent à la Fondation Abbé Pierre et j’ai fait des maraudes dans Paris avec les travailleurs sociaux qui maintiennent le contact avec les SDF (personnes sans domicile fixe). Je voulais essayer de le rencontrer, de marcher dans ses pas et essayer de l’atteindre par tous les bouts, pour me rapprocher le plus possible d’une vérité.»
Le film a pris l’affiche en France plus tôt cet automne et connaît d’ailleurs un beau succès en salle (près de 800 000 entrées). Quelle a été la réaction du public?
«Ç’a été très fort. Je n’ai jamais reçu autant de messages pour un film. Les gens ont été remués, bouleversés et touchés en plein cœur par la force de cet homme et par son discours. L’abbé Pierre éveillait les consciences. Il n’avait pas la langue de bois et il n’était pas non plus donneur de leçon. On aurait besoin de figures comme lui dans notre monde d’aujourd’hui.»
Le film L’abbé Pierre: une vie de combats a pris l’affiche vendredi.