En ligne avec Gilles Peloquin: 58 ans derrière un micro

De nos jours, ce n’est pas fréquent qu’une personne ait une carrière de 58 ans à la radio et à la télévision et, surtout, qu’elle soit toujours active. 

Le coloré Gilles Peloquin a parcouru le Québec et n’a jamais craint de prendre position, même si quelquefois ses opinions étaient controversées. Celui qui le ramenait à l’ordre, c’est le regretté Claude Mouton, des Canadiens. Aujourd’hui, Gilles travaille à CINNFM, la radio francophone du nord de l’Ontario.  

Son épouse, Lisette, ses filles et lui ont vécu un moment troublant dans la vie. La vie de sa fille, Marie-Christine était en danger. Elle devait avoir une greffe de la moelle osseuse pour survivre. Elle a bénéficié du don de sa sœur, Anne Josée. 

Tes parents n’étaient pas d’accord sur ton choix de carrière.

Mon père, Paul, un vendeur de voitures, et ma mère, Colette, ne voyaient pas ma future carrière de la même façon. Mon père aimait le sport tandis que maman voulait que je devienne médecin ou pharmacien.

Des cours de diction. 

À l’âge de 3 ans, ma mère m’a inscrit à un cours de diction chez madame Déguise, à Sorel. Je dois avouer que les cours de diction m’ont permis de percer dans le monde des communications, car à l’époque, tu étais engagé pour la qualité de ta voix et non pas pour tes connaissances. Ce fut le début de mes premiers pas vers le monde des communications. 

Ta mère était propriétaire d’un salon de coiffure pour femmes. 

Son salon de coiffure était au beau milieu du salon de la maison. Dans le salon adjacent, je jouais avec mes jouets, je lisais ou j’écoutais la télévision au son des immenses séchoirs à cheveux sur pied.  

Tu as fréquenté des écoles privées.

Pour certaines familles de Sorel, il était de mise que les enfants fréquentent les écoles privées. Le long voyage s’amorce vers un collège primaire à Saint-Lambert avec des arrêts pour mon secondaire au Collège Brébeuf et au Collège Notre-Dame.

Tu étais pensionnaire.

Le premier automne où je suis parti pour le collège à Saint-Lambert, j’étais très triste. Je laissais la maison pour y revenir seulement deux fins de semaine par mois. Il ne faut pas oublier que je n’avais que six ans. 

Décris-nous ta vie dans les collèges. 

Commençons avec la réalité de la vie. J’ai appris les différents rudiments de la vie, notamment l’autonomie. J’effectuais des tâches ménagères, comme la cuisine, le lavage et l’entretien de mes vêtements. Ce qui m’a énormément aidé, car à l’âge de 16 ans, j’ai vécu seul dans un appartement à Trois-Rivières.

Au Collège Notre-Dame, tu as amorcé une carrière de journaliste. 

Le Collégien, c’était le journal du collège. Les profs m’avaient assigné à la section des sports tandis qu’aux nouvelles, c’était le dynamique Jean-Luc Mongrain.  

Tu as eu une permission spéciale du Collège Notre-Dame.

Mon père avait convenu avec le directeur du collège que je pouvais suivre des cours après la classe à l’Académie des annonceurs. Après l’école, je prenais l’autobus devant l’oratoire Saint-Joseph en route vers le terminus Berri. 

Le réputé et légendaire Rocky Rhéaume Brisebois était ton mentor.

Les studios de CJMS étaient dans l’édifice du Palais du commerce. Dans l’après-midi, je préparais parfois des nouvelles du sport, et à l’occasion, Rocky me permettait d’aller en ondes pour faire un court reportage sur le hockey junior. 

À 16 ans, tu vas travailler à Trois-Rivières.

Les dirigeants de Radio-Mutuel, à Trois-Rivières, m’ont offert un emploi à la couverture des nouvelles générales et des sports. Je me souviens encore lorsque je me présentais aux conférences de nouvelles. Le maire regardait « ce jeune flo » qui pesait à peine 145 lb, avec les favoris, des cheveux trop longs et un micro dans mes mains. « Que fais-tu ici ? » Je lui ai répondu que je faisais la couverture des nouvelles pour Radio-Mutuel et, par la suite, l’entrevue a débuté.

Tu décrivais les matchs de hockey junior.

J’ai commencé à Drummondville et l’année suivante, Ghislain Delage, l’entraîneur des Éperviers de Sorel dont le propriétaire était le fougueux Rodrigue Lemoyne, m’a engagé. J’ai par la suite décrit les matchs des Canadiens de Sherbrooke, où j’ai eu la chance de travailler avec Jean Hamel, Pierre Creamer, Pat Burns et Serge Savard.

Mario Lemieux présentait ton bulletin de nouvelles.

Je me suis lié d’amitié avec Mario à l’époque où il jouait avec les Voisins de Laval. Je lui ai demandé s’il voulait faire un segment de 30 secondes pour présenter mon bulletin de nouvelles.

Tu as parcouru la province.

J’ai tellement éprouvé de plaisir à découvrir les différentes régions du Québec. Je m’impliquais au sein des communautés, car pour moi c’était important que je fasse partie de collectivité d’une ville.

Un de tes collègues, Gary Daigneault, a souligné que tu célébrais cette année ton 58e anniversaire de carrière.

Incroyable ! Déjà 58e année à la radio et à la télévision. Lorsque j’ai amorcé mes cours à l’Académie des annonceurs, qui était située au Palais du commerce à Montréal, sur la rue Berri, j’avais 14 ans. Maintenant mon désir c’est de terminer ma 60e année.

Cela fait 38 ans que tu es en couple.

Lisette est une femme formidable qui m’a toujours bien guidé surtout dans des moments mouvementés lorsque je défiais tout ce qui bougeait. Elle a toujours accepté de me suivre dans les villes où je travaillais. Souvent, le salaire laissait à désirer. Lisette, c’est une mère exceptionnelle pour nos deux filles, Marie-Christine et Anne Josée, dont je suis tellement fier.